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Les îles du Frioul craignent la surfréquentation, les résidents favorables à un système de réservation

Avec plusieurs milliers de visiteurs quotidiens, les îles du Frioul ont vu leur fréquentation augmenter ces dernières années. Une hausse du tourisme qui s'accompagne d'incivilités représentant un risque pour la biodiversité de l'archipel.

Un paradis victime de son succès. Avec en moyenne 4000 visiteurs quotidiens chaque été, les Îles du Frioul ont vu leur fréquentation augmenter considérablement ces dernières années. En 2022, 534.000 visiteurs se sont rendus dans l'archipel marseillais, soit 14% de plus qu'il y a trois ans.

Une fréquentation en hausse qui inquiète les résidents, mais également les associations de protection de l'environnement. La Small Islands Organization [Organisation des Petites Îles, ndlr] a notamment publié fin mai une étude sur les risques liés à la surfréquentation de l'archipel.

Des espèces protégées

Composée de quatre îles, l'archipel du Frioul fait partie du Parc national des Calanques, et est ainsi un espace protégé, notamment en raison de la biodiversité qu'il abrite.

Près de 350 espèces végétales ont été recensées dans l'archipel, rappelle la Small Islands Organization (SMILO). L'archipel compte également une faune particulière, avec notamment cinq espèces de reptiles protégées.

Autant d'éléments qui sont mis en danger par une fréquentation trop importante du site. L'étude de la SMILO, consultée par nos confrères de La Marseillaise, constate par exemple un nombre important de visiteurs qui piétinnent la végétation en sortant des sentiers pour rejoindre la mer.

L'archipel, qui fait déjà face à une érosion des sols, voit également sa posidonie menacée par la présence de nombreux bateaux de plaisance. Jusqu'à 850 bateaux peuvent être amarrés autour des îles l'été ou lors de très beaux week-ends, rapporte la SMILO sur son site.

Une hausse des incivilités

Outre les risques environnementaux liés à la surfréquentation de ce site protégé, les résidents du Frioul, qui sont une centaine à vivre de façon permanente dans l'archipel, dénoncent une hausse des incivilités commises par les visiteurs.

"Il y a des gens qui pique-niquent, qui sont en famille. J'espère qu'ils vont remettre leur détritus dans leurs sacs et qu'ils vont les remporter à Marseille, ou au moins les jeter aux poubelles qui sont sur l'île", déclare Jean-Frédéric Dufert, résident du Frioul depuis près de six ans, au micro de BFM Marseille Provence.

Les restaurateurs du Frioul, qui ne se disent pas particulièrement avantagés par le nombre de touristes, déplorent également le manque de savoir-vivre de certains visiteurs.

"La fréquentation de l'île du Frioul n'est pas synonyme de travail pour les restaurateurs", assure Bruno, gérant du restaurant "L'Îlot Pizza". "D'où les déchets, parce que nous avons beaucoup de gens qui viennent juste marcher avec leur bouteille d'eau, et qui jettent tout par terre, qui font leurs besoins: on a trois toilettes pour 6000 personnes par jour."

Dans son étude, la SMILO craint une trop forte "pression environnementale" sur les îles du Frioul en raison de ces incivilités.

"On a aussi d'autres types d'incivisme qui sont particulièrement marquants au Frioul, par exemple des nuisances sonores", explique Marta Ferretti, chargée de l'étude menée par la SMILO, à BFM Marseille Provence. "Des comportements urbains dans un milieu qui est quand même très naturel et délicat. Des bivouacs, l'utilisation du feu..."

Vers un système de réservation?

Dans ce rapport consulté par La Marseillaise, la SMILO assure qu'il est "nécessaire" de se préoccuper de cette question de la surfréquentation du Frioul, expliquant qu'"en termes de propositions, c'est l'équivalent de Porquerolles, où des mesures sont prises".

L'organisation propose ainsi un système de réservation semblable à celui de la calanque de Sugiton, qui fait également partie du Parc national des Calanques, où les réservations ont été rendues obligatoires afin de limiter l'accès au site à 400 visiteurs par jour. Une expérimentation conduite l'année dernière, qui a depuis été renouvelée pour cinq étés.

La SMILO préconise également une surveillance renforcée des îles du Frioul à partir de 18h, et une réorganisation des navettes acheminant les visiteurs depuis Marseille, afin d'éviter les pics de fréquentation.

Christian Pellicani, conseiller métropolitain et des 1er et 7e arrondissements de Marseille, demande également dans les colonnes de La Marseillaise un travail sur la "qualité d'accueil" des visiteurs de l'archipel, qui ne dispose selon l'élu pas assez d'équipements destinés à accueillir du public.

Un avis partagé par les locaux, qui réalisent bien que certains touristes ne sont pas assez informés sur les lieux qu'ils viennent visiter.

"L'été, on est tous confrontés à la venue de tous les touristes sur l'île. Ce qui est très handicapant, c'est que ces touristes arrivent sans aucun accueil", déplore Laëtitia, une plaisancière du Frioul, au micro de BFM Marseille Provence. "Aujourd'hui, il n'y a plus rien sur l'île pour accueillir du public."

Selon La Marseillaise, les navettes de la RTM qui acheminent les visiteurs vers les îles du Frioul ont conduit 200.000 passagers supplémentaires sur l'embarcadère de Ratonneau en dix ans.

Marie Roux avec Laurène Rocheteau